Travailler le vocabulaire en classe 

Introduction

L’enseignement du vocabulaire est un vaste sujet pour plusieurs raisons :

- Posséder un corpus riche permet à l’élève d’accéder à la compréhension orale mais également à la compréhension de l’écrit.

              Le vocabulaire pour dire et lire , Alain Bentolila

             Lecture et compréhension des textes, Jacques Crinon

 

- « La maîtrise du vocabulaire est un élément essentiel de la langue française pour exprimer sa pensée, partager et augmenter sa représentation du monde, tant à l'oral qu'à l'écrit » Eduscol.

- Au regard du nombre de mots de notre langue (60 000 entrées dans le Robert- 75 000 entrées dans le Grand Robert) nous avons souvent du mal à savoir quels termes aborder. Nous culpabilisons à l’idée de ne pas en travailler assez. On se dit alors que la cinquantaine de mots véritablement travaillés dans l’année n’est qu’une goutte d’eau. Parfois c’est l’inverse. Nous voulons tellement répondre aux attentes ministérielles que nous programmons de nombreux termes qui, nous le savons, ne seront jamais mémorisés par les enfants les plus fragiles.   Et pourtant nous avons vu ça et là fleurir des listes à rallonge qui nous font nous sentir mal, nous amènent à culpabiliser et à nous dire que nous ne faisons pas notre travail correctement.

Dans nos classes, force est de constater que les niveaux sont très (de plus en plus ?) disparates. Les années COVID n’ont fait qu’accentuer ce constat alors que chacun (enseignants et parents) a fait du mieux possible. Nous ne savons pas toujours comment nous y prendre pour réduire les écarts et permettre à chacun de progresser à son rythme et selon son niveau. Et re-culpabilité.

Donc avant tout, DE-CUL-PA-BI-LI-SER !

-       Pas de listes à rallonge

Pas de perte de temps à élaborer de jolies fiches avec des couleurs et des illustrations dans tous les sens. Nos élèves les plus fragiles  ont besoin de supports épurés pour ne pas se perdre dans une multitude de détails, de signes et de couleurs qui ne servent pas les   apprentissages et qui captent inutilement leur attention. Ils ne savent pas faire le tri entre ce qui est important et le superflu.

Le développement du vocabulaire

Le lexique : ensemble des mots d’une langue

Le vocabulaire : ensemble des mots employés par une personne.

Le vocabulaire ne peut être détaché de la syntaxe. 

 

Age	12 mois	18 mois	24 mois	30 mois
Niveau moyen du nombre de mots produits	10	50-60	300	530

Vers 18 mois environs : 60 mots produits, 150 mots compris. Ce décalage entre compréhension et production perdure toute la vie. Vers 6 ans environ, l’étendue lexicale d’un sujet se situerait aux alentours de 10 000 mots avec un accroissement de 10 mots par jours durant 20 ans à partir de 2 ans.

 

De même on fera la différence entre vocabulaire actif = réellement utilisé par l’enfant et le vocabulaire passif= non spontanément utilisé en situation de discours.

Les enjeux :

Passer d’un vocabulaire passif (réception / compréhension) à un vocabulaire actif (production) pour donner du sens à l’activité langagière

Les capacités langagières, d’expression : le développement du langage passe aussi par les mots.

La lecture au cycle 2 : les compétences lexicales sont un appui fort pour l’apprentissage de la lecture.

 

Les compétences métalinguistiques : développer les capacités réflexives de l’enfant sur la langue utilisée dans une circonstance donnée.

Les principes didactiques

• ü  travailler les mots les plus fréquents
• ü  travailler les mots en contexte
• ü  lier vocabulaire et syntaxe
• ü  mettre en place des activités réflexives : il faut utiliser des méthodes actives qui permettent aux élèves de prendre la langue comme objet d’observation et de manipulation (collecte de mots, constitution et étude de corpus ; tris et classements  permettant de repérer la logique de la langue et ses régularités)
• ü  privilégier l’enseignement explicite
• ü  créer des outils récapitulatifs.

 

La séance

Acquérir du vocabulaire, c’est mémoriser une forme mais aussi attribuer à l’objet ou au concept des propriétés ; la question du sens est toujours présente.

Selon Micheline Cellier, une information passe par 3 traitements : encodage, stockage, récupération.

 

• ü  L’encodage [contextualiser] : Dans un premier temps une stimulation d’ordre visuel, auditif, moteur, sémantique transite très fugacement dans une mémoire sensorielle. Le processus d’encodage transforme ce stimulus en une trace mnésique. La mémoire garde alors le sens général et condensé de l’information. Je découvre le mot dans le contexte (texte / poésie/ langage oral). Il est inséré dans un contexte qui permet d’obtenir un de ses sens.

• ü  Le stockage [décontextualiser] : La mémoire stocke les mots de façon hiérarchisée (et non sous forme de liste) . Création de réseaux, toile d’araignée, embranchement à nécessité de faire mémoriser les mots de façon organisée. Manipuler le mot à plusieurs reprises, dans des activités rituelles va permettre à l’enfant de le stocker, le mettre en mémoire. C’est un bon moyen de passer du vocabulaire passif (que l’on comprend) au vocabulaire actif (que l’on réinvestit de façon pertinente à l’oral ou à l’écrit)

• ü  La récupération [recontextualiser]: retrouver l’accès de l’information dont on a besoin . Le mot est recherché en mémoire à bon escient et réinvesti dans un contexte différent de la phase d’encodage [contextualisation].

 

Þ                 Des outils récapitulatifs qui donnent à voir les mots appris et à conserver en mémoire sont nécessaire. Ils constituent une sorte de mémoire extérieure et pérenne pour consolider les acquisitions. 

Je collecte :

Je collecte des mots dans les textes que je rencontre ou dans la leçon de mathématiques, d’histoire, de géographie ou dans tout autre domaine d’apprentissage. Je choisis des mots de différentes natures (noms, verbes, adjectifs, mots invariables…). Dès que possible je cible des mots communs à différents domaines.

Par exemple : le sommet

• -       en géographie il s’agit du point culminant d’un relief 

• -       en mathématiques ce sera le sommet d'un angle est le point d'intersection où se réunissent deux segments de lignes .  

Nous expliquons les mots et nous recherchons une définition la plus simple possible et compréhensible par tous.

 

 

 

Je crée des réseaux de mots :

A partir d’un mot de la partie 1 ci-dessus, je cherche tous les mots sur le thème.

Exemple : SORCIER – potion, magie – baguette – transformer – etc ……

 a-    Les affichages possibles

Les fleurs lexicales :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autour du thème de la peur, chaque pétale correspond à une catégorie spécifique : expressions, verbes, synonymes (noms et adjectifs), …

 

Mais on peut aussi classer les mots relatifs à un thème (ici, la maison) : on obtiendra donc les verbes, les types d’habitat, les actions, les matériaux, …

 

Les familles de mots :  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les mots polysémiques :

               

 

 

                                     

 

 

 

 

Exemple extrait du site « des yeux dans le dos »                                       Exemple extrait du site « L’école des crevettes »         

Les expressions françaises

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelles formes et modalités pour les cahiers/ classeurs de vocabulaire 

 Outre les affichages, il est nécessaire d’avoir un outil qui consigne l’ensemble des apports de l’année voire du cycle. En effet, les affichages sont éphémères et vont évoluer durant l’année. D’une part par manque de place (les murs d’une classe ne sont pas extensibles). D’autre part, parce que trop de documents affichés met en difficulté nos élèves les plus fragiles. Un enfant dyslexique a besoin d’aménagement pour aérer sa page de lecture, imaginez s’il doit chercher une information dans une multitude d’affichages !

L’outil est d’abord un choix d’école.

Attention : Je vous mets cependant en garde sur le carnet dans l’ordre alphabétique. Il est difficile à utiliser pour l’élève qui doit déjà avoir une notion de l’orthographe du mot pour le rechercher dans un répertoire (exemple autrefois pourrait être recherché à la lettre /o/ et non à la lettre /a/). Or si nous travaillons le vocabulaire, c’est également pour le réinvestir dans des productions d’écrits, des exposés, des exercices, etc.

Si l’on s’appuie sur la recherche on apprend que les élèves ne retiennent les mots que s’ils créent des réseaux de mots – mots reliés les uns aux autres. Noter un mot sans le rattacher à d’autres mots ne sera pas porteur. Donc si nous classons les mots par ordre alphabétique, nous ne pouvons mettre en exergue ces réseaux de mots.

 Il vaut mieux privilégier le cahier, le classeur ou le porte vues si possible  évolutif d'un cycle à l'autre, qu'on peut compléter et faire évoluer.

On peut à la fois créer:

F Un outil collectif qui sera consigné dans le centre d’écriture ou le centre de littératie (= centre qui englobe toutes les disciplines liées à la langue).

F Un outil individuel qui permet à l’élève d’être autonome.

 Des outils :

• Voici un lien vers une séance menée dans une classe de CE1/CE2 de ma circonscription

Télécharger « Fiche de séance_vocabulaire.pdf »

•  La fiche élève pour travailler en groupe et à coller dans le cahier

Télécharger « document enfants.pdf »

•  Une fiche vierge pour élaborer sa séquence

Télécharger « Format de séquence vierge_HC.pdf »

•  Des jeux rituels pour rebrasser les mots. C'est un travail du groupe départemental MDL 32

Télécharger « jeux_vocabulaire.pdf »

•  Des fiches jeux 

Télécharger « fiche jeu 1- le nom commun-LaBel'écriture .pdf »

 Télécharger « fiche jeu 2- les homocartes-LaBel'écriture.pdf »

 Télécharger « fiche jeu 3- le devinmot-LaBel'écriture.pdf »

 Télécharger « fiche jeu 4- 1,2,3 quel est ce mot-LaBel'écriture.pdf »

 Télécharger « fiche jeu 5- le jeu du dictionnaire-LaBel'écriture.pdf »